|  | Deux vagabonds, ayant bu un bon coup, S'évadèrent d'un toit en empruntant le trou
 D'une spacieuse cheminée
 Heureusement non enfumée.
 Cependant l'intérieur du conduit
 D'une suie épaisse est enduit
 Et toute la couche de crasse
 Vient badigeonner la face
 De notre premier ramoneur
 Amateur.
 Sur la paroi qui devient lisse,
 Le second par contre se glisse
 En gardant son visage clair,
 Sans nulle marque de l'enfer.
 En bas du foyer nos compères Aussitôt s'entre-regardèrent
 Et qu'advint-il de chacun d'eux ?
 Un résultat fort malheureux.
 Voyant l'un de l'autre la face
 Chacun conclut, fort peu sagace,
 Le premier qu'il n'est point sali,
 Le second qu'il est tout noirci.
 Le plus souillé sans aucune toilette
 Prend aussitôt la poudre d'escampette.
 Son compagnon courant au lavabo
 S'y récure à s'écorcher la peau.
 Ainsi au reflet de qui nous regarde Jugeons-nous de notre propre destin.
 La nature bien trop souvent se farde
 A se comparer au prochain.
 S'il ne faut pas vivre en ermite,
 Car il est bon que la vertu s'imite,
 Ne nous chargeons pas des péchés
 Sur le front d'autrui affichés.
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